Le Potager du Roi rétablit la vérité Around the Garden

Le Potager du Roi rétablit la vérité

et s'offre une cure de jouvence

A Versailles, le vénérable Potager créé par La Quintinie il y a plus de trois siècles, a élargi son patrimoine végétal et réussi le passage au ‘zéro phyto’. Le programme de réhabilitation des structures demandra sans doute plus de temps, mais les chantiers sont engagés.

S’il est vrai que les murs et certaines structures anciennes du Potager du Roi, patrimoine historique situé près du château Versailles, présentent un état préoccupant, le site n’est pas pour autant en déshérence comme le laissait entendre un article récent d’un quotidien national.
Après la restauration de plusieurs pavillons, les crédits obtenues par l’ENSP qui occupe le lieu, vont permettre de lancer en 2020 des travaux de restauration sur deux terrasses et certains murs. « Sur le bâti, les résultats vont demander du temps, car le Potager souffre d’un retard d’investissement de près de 30 ans » estime Vincent Piveteau, Directeur de l’ENSP (Ecole National Supérieure du Paysage), estimant que le programme de rénovation des infrastuctures et du bâti historique représente une dépense de 17 millions d’euros sur dix ans. En effet, certaines parties n’ont pas été restaurées depuis la fin du XIXe siècle !
Le patrimoine végétal se porte nettement mieux que le bâti. « Si certains arbres meurent c’est du fait du vieillissement naturel. Le patrimoine arboré a été constamment enrichi : il possède 3768 arbres fruitiers, soit une fois et demi à deux fois plus qu’à l’époque de sa création par la Quintinie et le rajeunissement se poursuit », assure Antoine Jacobsohn, Directeur du Potager. « L’objectif est d’atteindre 4500 arbres au terme des travaux de restauration dans dix ans, notamment en élargissant la palette végétale et en l’adaptant au changement climatique » ajoute-t-il. Le site s’est aussi converti à des principes vertueux depuis deux décennies : la plupart des allées entre les rangs de fruitiers ont été enherbées, pour restaurer la fertilité des sols et la biodiversité. Et les traitement phytosanitaires ont été arrêtés de façon progressive, car il n’était plus envisageable de les poursuivre en plein centre ville de Versailles, dont les espaces verts sont convertis depuis des lustres au « 0 phyto ». Cette évolution des pratiques s’accompagne forcément d’un changement général d’aspect du Potager : « on passe d’un jardin propre à un jardin plus naturel » commente Jacques Beccaletto, Responsable des cultures. S’il devient moins minéral que par le passé, le Potager peut aussi paraître moins impeccable et susciter les critiques des adeptes d’une esthétique immuable… Et cette trame verte entre les haies fruitières s’est révélée bénéfique à la vie biologique.
Loin de s’endormir, le Potager se lance aujourd’hui dans d’autres projets, tel le rafraichissement du jardin Duhamel du Montceau, dit aussi Clos aux asperges, qui prolonge le Potager sur 12 000 mètres carrés. Grace au soutien d’un donateur privé, il sera restauré dans les trois ans à venir, en y agrandissant le pré-verger et le Fruticetum, sous la houlette du paysagiste Romain Bocquet. Agé de 340 ans, le Potager du Roi a bien l’intention de s’offir une cure de jouvence !

Photo : Marianne Lavillonnière © Lagor Garden

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